Rapport de sélection des candidatures des Bourses africaines pour la recherche sur les savoirs autochtones et alternatifs (AFRIAK)
Corresponding Author(s) : Secrétariat du CODESRIA
CODESRIA Bulletin,
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Résumé
Introduction
Le programme de bourses africaines pour la recherche sur les savoirs autochtones et alternatifs (AFRIAK) est le fruit d’une collaboration entre le CODESRIA et la Fondation Mastercard. La discussion remonte à 2021, lorsque le CODESRIA a contacté Tade A. Aina, alors responsable de la recherche et directeur principal de la recherche et de l’apprentissage à la Fondation Mastercard, afin d’étudier la possibilité de soutenir les initiatives du CODESRIA en matière de recherche et d’impact politique. Bien que l’axe thématique n’ait pas été clairement défini lors de cette réunion, il s’est très vite orienté vers l’intérêt commun du CODESRIA et de la Fondation pour les systèmes de connaissances autochtones (SCA). Entre cette réunion et 2024, une série de discussions ont eu lieu afin de concrétiser l’initiative et d’élaborer une note conceptuelle qui résumerait les intérêts mutuels des deux organisations à soutenir les travaux sur la dynamique entre les SCA, les jeunes et les opportunités de moyens de subsistance qu’offre cette intersection.
Le point culminant a été le lancement officiel, en novembre 2024, d’AFRIAK, un programme de recherche, d’apprentissage et de mentorat d’une durée de trois ans, mis en œuvre en partenariat avec la Fondation Mastercard. AFRIAK vise globalement à renforcer l’écosystème de la recherche et de la formation en Afrique en se concentrant sur les SCA comme domaine thématique et en cherchant à soutenir l’éducation et la formation des jeunes, afin qu’ils puissent mener des recherches fondées sur les perspectives des connaissances endogènes et autochtones[1]. Ce projet devrait permettre d’appliquer les perspectives et les données issues des connaissances autochtones, afin de promouvoir la croissance dans les secteurs prioritaires et de stimuler les activités économiques menées par les jeunes, lesquelles constituent une source de moyens de subsistance dignes pour eux-mêmes et leurs communautés.
En fin de compte, AFRIAK aspire à recentrer la contribution des modes de savoirs autochtones et alternatifs dans la quête de la transformation sociale de l’Afrique. La conceptualisation du projet est ancrée dans un désir de changer la manière dont les connaissances sont produites, en mettant l’accent sur la coproduction des connaissances plutôt que sur les processus existants, qui promeuvent une approche quelque peu abusive et extractive des chercheurs à l’égard des détenteurs de connaissances autochtones. Lors de la conception du projet, le Conseil était conscient de la connotation péjorative que pouvait avoir le terme « indigène[2] ». Des recherches antérieures menées au CODESRIA, sous la direction du philosophe béninois Paulin Hountondji, ont permis de situer l’utilisation problématique de cette notion dans son héritage colonial et dans la persistante dépendance scientifique en Afrique aujourd’hui[3]. Dans les sociétés colonisées, le terme « indigène » était opposé à « exotique », ce qui impliquait que le premier était natif, traditionnel, primitif et réfractaire au changement. Les connaissances indigènes (CI) ont ainsi été présentées comme vernaculaires, non civilisées, déficientes et superstitieuses. Hountondji a analysé ces formes de savoirs, soulignant que les connotations péjoratives ne faisaient sens que dans des contextes d’extraversion persistante du savoir en Afrique[4]. Il préférait la notion d’« endogène » à celle d’« indigène », faisant valoir que ce recadrage repositionnerait l’Afrique au centre de la production de connaissances. En réponse, AFRIAK, tout en reconnaissant ces débats et le bagage historique que portent de nombreux termes, utilise la notion de « connaissances autochtone » pour désigner ce qui est organique à la société, pour reprendre le concept d’intellectuel organique de Gramsci. Il souligne l’idée d’« utiliser ce que nous avons », tout en reconnaissant que ce que nous avons dans la société n’est pas statique et n’existe pas dans un splendide isolement, à l’abri de nombreuses autres influences, mais au contraire évolue grâce à une interaction continue avec d’autres systèmes de connaissances[5].
AFRIAK sera mis en œuvre sur une période de trois ans, dans l’espoir que ce programme puisse être prolongé jusqu’à dix ans. Sa cible principale est constituée des jeunes Africains âgés de moins de 35 ans. AFRIAK accorde la priorité aux jeunes Africains qui résident actuellement sur le continent, en partie parce qu’ils sont en contact direct avec les communautés, mais aussi parce que les jeunes Africains résidant sur le continent sont confrontés à des défis très spécifiques à leur contexte. La première année du programme prévoyait le recrutement de 100 boursiers. En outre, le CODESRIA s’est engagé à ce que 70 % des boursiers admis dans le programme pour chacune des trois années soient des jeunes femmes âgées de moins de 35 ans. En osant fixer une norme aussi élevée en matière d’égalité du genre pour AFRIAK, le Conseil a voulu changer le discours selon lequel l’absence de candidates dans des programmes similaires, au sein du Conseil et au-delà, avait été érigée en confirmation qu’il n’y avait en fait pas de candidates pour pourvoir aux postes vacants annoncés pour un tel programme. Comme le montre ce rapport, le taux de réponse a dépassé le seuil de 70 %.
Pour atteindre ces objectifs, le Conseil a largement diffusé le 15 mars 2025 l’appel à candidatures pour AFRIAK 2025, la date limite de soumission étant fixée au 15 mai 2025. Les réponses à cet appel inaugural ont été très nombreuses ; ce qui reflète à la fois la demande pour ce genre d’opportunités et l’intérêt grandissant pour les nouvelles recherches sur les systèmes de connaissances autochtones à travers le continent. Cet intérêt pour ce type d’érudition était déjà perceptible pour les observateurs attentifs dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Mali, le Bénin, le Nigeria et l’Éthiopie, pour n’en citer que quelques-uns.
Ce rapport présente un compte rendu détaillé du processus de sélection qui a débuté peu après la date limite de soumission des candidatures. L’objectif final du processus de sélection était le recrutement de la première promotion de boursiers qui seront admis au programme en 2025. Bien que l’objectif initial ait été de 100 boursiers, après un processus de sélection séquentiel, 150 boursiers au total ont été retenus parmi un lot initial de 861 candidats. Comme prévu, 70 % des boursiers sélectionnés étaient des jeunes femmes. Les boursiers sélectionnés viennent de 32 pays africains répartis dans les cinq régions principales du continent (Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique de l’Est et Afrique australe).
Le processus de sélection
Le processus de sélection des boursiers AFRIAK 2025 s’est déroulé en quatre étapes, l’accent étant mis sur la qualité des candidatures soumises et la diversité nécessaire au sein de la cohorte des candidats retenus.
Le processus initial consistait à étudier les candidatures afin d’éliminer les candidatures multiples et factices (candidatures sans contenu substantiel dans toutes leurs pièces jointes). En fin de compte, le Conseil a retenu un total de 609 candidatures valides soumises en réponse à l’appel à propositions AFRIAK 2025. Il s’agissait de 521 candidatures individuelles et de 88 candidatures collectives. Au total, cela représentait 861 candidats. La diversité de ces candidatures témoigne des opportunités offertes par ce programme de bourses.
Sur les 861 candidats, 432 étaient des femmes et 429 des hommes, ce qui reflète une répartition quasi égale entre les sexes. La figure 1 résume les résultats. La répartition géographique des candidats montre que ceux-ci provenaient de 39 pays africains et de 5 pays non africains, trois candidats ayant la double nationalité. Le tableau 1 présente une ventilation détaillée des candidatures par pays ; la figure 2 illustre la ventilation en pourcentage entre les cinq régions de l’Afrique.
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