0 - Éditorial
Corresponding Author(s) : Divine Fuh
CODESRIA Bulletin,
No 03-04 (2017): Bulletin du CODESRIA, N° 3 & 4, 2017
Résumé
Le thème de cette édition du Bulletin du CODESRIA s’écarte des priorités thématiques du Plan stratégique 2017-2021 qui sont : «Processus démocratiques, gouvernance, citoyenneté et sécurité en Afrique» et «Écologies, économies et sociétés en Afrique». Le Bulletin aborde deux séries de questions importantes. La première est de déterminer comment l’Afrique, avec tous les changements et les transformations qui la définissent aujourd’hui, est et devrait être gouvernée. Le thème intègre les questions d’État au sens statutaire, la démocratisation, l’état de droit et les droits de l’homme, la sécurité et la violence, la justice transitionnelle, et autres processus et mécanismes de gouvernance aux niveaux local, national, régional et international. Ces questions constituent encore d’importantes préoccupations dans de nombreux pays africains et, naturellement, orientent également les travaux du Conseil. La seconde série de questions explore les aspects de l’Anthropocène en Afrique, ses formes, son histoire, ses trajectoires et son impact sur des secteurs variés, notamment les économies en plein essor du continent. Ce thème soulève d’importantes questions liées à la terre, à la sécurité alimentaire et à la pauvreté qui dominent de manière persistante le débat public et demeurent une préoccupation mondiale. L’Afrique est toujours confrontée aux contradictions et à la complexité du « développement », du changement climatique et de la croissance démographique, en particulier dans les villes. La nature évolutive des centres ruraux et urbains, tirée notamment par le pouvoir d’achat croissant de nouvelles élites, conjuguée à l’écart grandissant de richesse, redéfinit et crée une nouvelle dynamique de cohabitation. L’insécurité, l’incertitude et l’indignité des conditions de vie constituent des défis majeurs pour un continent qui continue à se débattre avec le système capitaliste mondial.
Lionel Zevounou commence par une critique de ce qu’il considère une interdisciplinarité d’exclusion, affirmant que le droit est marginalisé en Afrique, et plus particulièrement dans les critiques postcoloniales du CODESRIA sur les systèmes de pensée et la production de connaissances. Munamato Chemhuru poursuit le débat engagé dans le précédent numéro du Bulletin sur la pertinence contextuelle de la démocratie en Afrique, alors qu’il plaidait en faveur d’un changement dans l’adoption de cadres de gouvernance démocratique fondés sur les réalités existentielles africaines. Leah Junck examine l’activisme communautaire et l’organisation autour de la sécurité de quartier à travers des exemples d’Afrique du Sud, tandis que Sean Maliehe aborde la relation entre le continent et l’économie humaine en s’appuyant sur le cas de l’argent mobile en Afrique du Sud pour explorer les rencontres entrepreneuriales de personnes avec un marché des capitaux en pleine mutations. Theresa Moyo examine de manière critique les avantages d’une répartition équitable des richesses issues de l’industrie extractive, arguant qu’un avenir différent est possible à partir des richesses minérales de l’Afrique. Raphael Mulaha Kweyu aborde les stratégies de changement climatique et de résilience des communautés marginalisées du Kenya, en ciblant plus particulièrement les questions liées à la gouvernance. La contribution de Kellen Kiambiati et Anne Kariuki discute des stratégies de lutte contre la corruption par des approches fondées sur des valeurs et qui prennent en charge les épistémologies locales, pendant que Edrine Wanyama, dans la dernière contribution, met en évidence l’importance de la géométrie variable pour une meilleures croissance économique en Afrique orientale. Le dernier groupe de contributions de Rokhaya Fall, Abdoullah Cissé, Kofi Anyidoho, Chambi Chachage, Biodun Jeyifo et Yusuf Bangura rend hommage aux collègues qui nous ont quittés en 2017.
Au cours de la période couverte par le présent numéro du Bulletin du CODESRIA, nous avons appris avec choc le décès soudain de collègues qui ont joué des rôles de premier plan dans la gestion du Conseil. En quelques mois en 2017, la communauté du CODESRIA a perdu quatre collègues: Aminata Diaw Cissé (décédée le 14 avril 2017), Abubakar Momoh(décédé le 29 mai 2017), Francis Abiola Irele (décédé le 2 juillet 2017) et Abdul Raufu Mustapha (décédé le 8 août 2017). Dans ce numéro du Bulletin, nous saluons leur contribution à des luttes plus larges, célébrons leur ténacité et leur combativité et prenons acte de leur contribution indélébile au projet panafricain de production de savoirs. Aminata Diaw a été lauréate de l’Institut sur la gouvernance démocratique du CODESRIA avant d’entreprendre une carrière universitaire en tant que féministe et philosophe au département de philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop. Avant son décès, de 2010 à 2016, elle a été Administratrice principale du Programme Bourses, formation et subventions. C’est une coïncidence intéressante qu’Abubakar Momoh a également été lauréat de l’Institut de la gouvernance démocratique de 1996. Comme le souligne l’hommage du CODESRIA à Abdul Raufu Mustapha, lui aussi a participé au premier Institut de la gouvernance démocratique, avant d’être le directeur en de la session 2002. Il a ensuite servi en tant que membre du Comité scientifique (2009-2011) et, juste avant sa mort, comme membre du Comité d’évaluation de l’agenda intellectuel du CODESRIA. Abiola Irele, même s’il ne participait pas régulièrement aux activités du CODESRIA, était remarquablement présent à travers ses travaux sur la «négritude» et la réponse intellectuelle de l’Afrique à la situation coloniale, qui constituaient l’un des fondements idéologiques de la mission du Conseil. Ainsi, même si ces géants intellectuels ne sont plus, leurs contributions intellectuelles, issues des espaces de pensée fournis par le CODESRIA, forcent notre respect et nous sommes honorés de débattre, de manière critique, de leurs idées.
Alors que nous honorons nos morts, le Conseil salue également la nomination d’un nouveau Secrétaire exécutif à la tête du Conseil. Le 1er Juin, le Dr Godwin Murunga, auparavant à l’Institut d’études sur le développement, Université de Nairobi et Center for African Leadership a succédé au Dr Ebrima Sall en tant que 7ème Secrétaire exécutif du CODESRIA. Avec cette nomination, nous entamons une sixième transition réussie du Conseil en 44 ans d’histoire. Godwin Murunga est également un des anciens de l’Institut sur la gouvernance démocratique du CODESRIA ayant participé à la session de 1997, avant de servir comme l’un des plus jeunes membres du Comité exécutif du Conseil, de 2005 à 2011. Son arrivée représente donc un changement de générationnel et transitionnel remarquable. L’agenda de la nouvelle direction du Conseil est adéquatement défini dans la note partagée par le Professeur Dzodzi Tsikata, Présidente du CODESRIA annonçant la nomination du Dr. Godwin Murunga. Situant l’agenda dans le processus de consultation interne en cours au CODESRIA, la note aborde l’examen et la réforme des systèmes, des processus et engagements avec ses membres et ses parties prenantes, en particulier les communautés de décideurs. Cet agenda devrait revitaliser la vision programmatique du Conseil et lui permettre de trouver de nouvelles manières de faire participer la collectivité qui bénéficie du travail du CODESRIA.
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