6 - Liberté académique en question : contribution à la problématisation d’une notion à partir du cas estudiantin au Sénégal

Résumé

La question de la liberté académique traverse l’histoire de l’institution universitaire. Elle se pose même encore aujourd’hui dans des pays de tradi- tion universitaire pluriséculaire, suscitant ainsi la production d’une littérature non négligeable. La caractéristique principale de cette production réside dans ce que j’appelle son « approche externaliste et politique ». Par cela, j’entends l’idée que, pour la majorité des chercheurs, poser la question de la liberté académique, c’est signifier une confrontation entre un groupe, la communauté des chercheurs et enseignants [academics], d’une part, et un autre extérieur à l’espace universitaire, et souvent défini par une identité politique : les autorités politiques nationales ou régionales. Ainsi les emprisonnements et les assassinats d’universitaires par des dirigeants nationaux ou des groupements politiques d’opposition (e.g. le FIS et le GIA en Algérie) sont suffisamment documentés. Cette approche est cependant un peu réductrice, bien qu’elle se justifie par la caractéristique autoritariste des régimes gouvernementaux qui voient le jour en Afrique. Telle quelle, cette approche offre une vision homogène de l’institution académique. Or, comme tout champ, l’institution universitaire se caractérise par une forte diversité, tant par les caractéristiques des acteurs qu’elle englobe que par les enjeux qui la traversent. Je voudrais dans cet article analyser la liberté académique du point de vue et à partir de l’expérience des étudiants.