1 - Millennial Democracy and Spectral Reality in Post-colonial Africa
DOI :
https://doi.org/10.4314/ajia.v11i2.57267Mots-clés :
Démocratie, Réalité spectrale, Afrique post-colonialeRésumé
On ne saurait parler avec pertinence de l’expérience récente du multipartisme en Afrique sans reconnaitre les « métarécits téléologiques » de la démocratie. Il s’agit d’un système de connaissances et d’une série de discours, de théories et d’idéologies qui ont été construits autour de l’idée même de la libéralisation politique, et qui ont permis de formuler ses principes et d’orienter sa forme, son expression, son mode de fonctionnement et de représentation. Mais quelles que soient leurs orientations, leurs hypothèses ou leurs oppositions théoriques, tous ces savoirs partageaient la même approche messianique de la démocratie et la même vision unilinéaire évolutionniste sur l’ajustement social et politique que de nombreux pays africains subissaient au début des années 1990. En effet, la libéralisation politique, comme envisagée par les philosophies développementaliste et moderniste, a non seulement adopté le principe universel de la représentation élective, de la bonne gouvernance, de la liberté, de la concurrence loyale et de l’alternance, mais a aussi épousé les idéaux d’émancipation, de progrès, de changement et d’amélioration du siècle des lumières. Dans cette contribution, qui n’a pas la prétention d’évaluer l’expérience de la démocratie en Afrique sub-saharienne, nous voulons examiner comment ces grands récits ont affecté les imaginations des Africains et la façon dont ils représentent les politiques multipartites, et comment, du fait de ces idéologies millénaristes, nombre d’entre eux ont transformé la politique d’ajustement en une sorte de mythologie de la rédemption. Cependant, ce qui est beaucoup plus important pour nous, c’est de démontrer que les formulations modernistes (développementaliste et évolutionniste) du processus
de démocratisation du début des années 1990 comme une simple reproduction de la modernité occidentale n’ont pas réussi à relever les défis conceptuel et méthodologique auxquels ces théories ont été confrontés quand elles ont voyagé de l’Occident vers l’Afrique sub-saharienne.